Les nouvelles liées au climat n’ont jamais été aussi présentes. Canicules à répétition, catastrophes naturelles, effondrement de la biodiversité… Ces informations constantes provoquent une peur sourde et persistante : l’anxiété écologique, aussi appelée éco-anxiété. Ce sentiment, autrefois marginal, s’est peu à peu répandu dans toutes les générations. Selon une étude publiée dans The Lancet Planetary Health (2021), près de 6 jeunes sur 10 affirment que la crise climatique affecte leur vie quotidienne et leur vision du futur.
Cette forme d’anxiété est particulière. Elle ne naît pas d’un danger immédiat, mais d’une conscience aiguë du monde. Elle traduit une empathie élargie : la souffrance de la Terre devient la nôtre. Dans un contexte où tout s’accélère, il devient difficile de rester apaisé. Beaucoup se sentent dépassés, impuissants, ou pris entre la lucidité et la culpabilité.
Pourtant, cette anxiété peut être apprivoisée. L’hypnose, loin d’être une fuite, aide à restaurer un équilibre émotionnel face à l’incertitude. En tant qu’hypnothérapeute à Lyon, j’accompagne de plus en plus de personnes qui ne veulent pas se couper du monde, mais apprendre à le regarder sans se perdre dedans.
Comprendre l’éco-anxiété : une réponse humaine à une crise planétaire
L’éco-anxiété n’est pas un trouble pathologique, mais une réaction psychique et physiologique à une menace globale. Elle est le signe d’une conscience lucide, mais parfois douloureuse, du réel. Le terme “solastalgie”, inventé par le philosophe australien Glenn Albrecht, décrit cette douleur du changement environnemental, comparable à un mal du pays vécu sans quitter sa maison.
Dans mon cabinet d’hypnose à Lyon, beaucoup décrivent cette impression d’étouffer sous un flot d’informations. Certains ressentent une forme de deuil : celui d’un monde qu’ils ont aimé ou rêvé. D’autres évoquent une colère silencieuse, mêlée à une culpabilité de “ne pas en faire assez”. Ces émotions s’entrecroisent et nourrissent une forme de détresse existentielle.
Sur le plan psychologique, cette anxiété s’explique par un conflit entre la cognition et l’action. Notre esprit comprend la gravité du problème, mais notre corps n’a pas de réponse immédiate. Ce décalage active le système nerveux sympathique, celui de la vigilance et du stress. Le cœur s’accélère, les muscles se tendent, le sommeil se dérègle. Ce n’est pas la peur du tigre qui surgit, mais la peur de ce que l’on ne peut ni fuir ni combattre.
Les neurosciences confirment ce mécanisme : une menace diffuse déclenche une hyperactivation de l’amygdale, centre de la peur dans le cerveau, sans possibilité de retour rapide à l’équilibre. L’hypnose, en stimulant le système parasympathique, aide justement à rétablir cet équilibre physiologique, permettant au corps de sortir du mode “alerte permanente”.
Pourquoi cette anxiété s’intensifie aujourd’hui
La peur écologique ne naît pas seulement du réchauffement climatique, mais aussi de la façon dont l’information circule. Jamais notre cerveau n’a été autant sollicité. Notifications, vidéos, documentaires alarmistes, débats en ligne : l’attention est constamment happée. Or, notre cerveau n’est pas conçu pour gérer une crise mondiale en continu.
Historiquement, les sociétés vivaient les catastrophes comme des événements localisés. Aujourd’hui, le numérique a aboli cette distance. Nous assistons, en temps réel, à la fonte des glaciers ou aux feux de forêt à l’autre bout du monde. Cette proximité émotionnelle génère une charge mentale nouvelle : celle de la responsabilité globale.
Sur le plan neurologique, cette surcharge d’informations maintient le cortex limbique dans un état d’alerte quasi constant. Le cortisol, hormone du stress, reste élevé, ce qui perturbe la concentration, la digestion et le sommeil. Le cerveau cherche alors à rationaliser, à “tout comprendre”, pour se rassurer, mais cette quête devient vite épuisante.
L’hypnose agit ici comme un contrepoids à la saturation cognitive. En permettant au mental de se mettre en pause, elle redonne de la place à l’intuition, à la créativité, à la perception du corps. Cet état modifié de conscience aide à désamorcer la boucle mentale du “je dois comprendre, je dois agir, je ne peux pas”.
L’hypnose : un espace pour restaurer la cohérence intérieure
Contrairement à certaines idées reçues, l’hypnose n’endort pas. Elle réveille autrement. C’est un état naturel de concentration intérieure, proche de la rêverie ou de la méditation profonde. Cet état active des ondes cérébrales alpha et thêta, mesurées par électroencéphalogramme. Ces ondes sont associées à la détente, à la régénération et à la mémoire émotionnelle.
Des études menées à Stanford et à Paris Descartes ont montré que l’hypnose diminue de 50 % le niveau de cortisol et augmente la cohérence cardiaque. Concrètement, le corps se met à respirer différemment, le rythme cardiaque s’harmonise, la perception du temps s’élargit. Le cerveau retrouve un état d’équilibre propice à la réflexion et à la résilience.
Dans le cadre de l’éco-anxiété, cet état permet d’explorer en douceur ce qui se joue : la peur de perdre, le sentiment d’impuissance, ou la culpabilité liée à l’inaction. Ces émotions sont accueillies, transformées symboliquement, parfois même remerciées. Ce travail intérieur apaise la charge émotionnelle et redonne un sentiment de continuité entre soi et le monde.
Reprendre son pouvoir intérieur
L’un des effets les plus destructeurs de l’anxiété écologique est la sensation d’être impuissant. Quand tout semble trop grand, le corps finit par se figer. C’est ce que les neuroscientifiques appellent la réponse d’immobilisation, héritée du système nerveux primitif. On ne fuit pas, on ne combat pas, on se fige.
L’hypnose aide à réactiver la perception du possible. On apprend à différencier ce qui dépend de soi de ce qui ne dépend pas de soi. Cette distinction, déjà évoquée par les stoïciens, est aujourd’hui confirmée par les thérapies cognitives : elle réduit la rumination et restaure le sentiment de maîtrise.
En séance, le travail consiste souvent à recontacter ses ressources, ses valeurs, son rythme. En visualisant des images d’équilibre, de nature régénérée, ou de gestes simples du quotidien, le cerveau réécrit ses circuits de sécurité. Cette approche stimule le système dopaminergique, impliqué dans la motivation. L’énergie revient.
Les personnes que j’accompagne à Lyon décrivent souvent un avant et un après. Avant, l’impression d’être englouties par la gravité du monde. Après, la sensation d’un ancrage retrouvé, comme si elles pouvaient respirer à nouveau et agir sans se sentir écrasées.
Apaiser la culpabilité et la colère : deux faces d’une même sensibilité
L’éco-anxiété s’accompagne souvent d’une culpabilité morale : ne pas être parfait, consommer encore trop, ne pas réussir à convaincre son entourage. Cette culpabilité, issue d’un idéal écologique fort, finit par user les plus sincères. La colère, elle, naît de la frustration et du sentiment d’injustice : “pourquoi les autres ne font-ils rien ?”.
Psychologiquement, ces deux émotions ont une racine commune : le besoin de cohérence interne. Quand nos valeurs et nos actes divergent, le cerveau entre en dissonance cognitive. L’hypnose aide à réduire cet écart non pas en forçant le changement, mais en retrouvant une paix intérieure.
On peut, par exemple, revisiter en hypnose une scène symbolique où la culpabilité devient une force protectrice, ou où la colère se transforme en clarté. Ce travail ne supprime pas la sensibilité, il la rend vivable. Des études récentes (Frontiers in Psychology, 2020) montrent que la pratique de l’hypnose améliore la régulation émotionnelle, notamment dans les profils hypersensibles ou engagés socialement.
Peu à peu, les émotions cessent d’être un fardeau et redeviennent un moteur.
Retrouver un ancrage dans le présent : le corps comme refuge
Le cerveau humain passe près de la moitié de son temps à vagabonder (Harvard, 2010). Ce vagabondage mental, lorsqu’il se focalise sur l’avenir, entretient l’anxiété. L’hypnose ramène doucement la conscience vers le corps, vers les sensations, vers ce qui est tangible.
En apprenant à s’ancrer, le système nerveux retrouve ses repères. Le souffle ralentit, le rythme cardiaque s’ajuste, les muscles se relâchent. Ce processus active le nerf vague, principal régulateur de notre équilibre émotionnel. Ce retour corporel est fondamental : c’est lui qui permet de faire la paix avec le présent.
En séance, j’invite souvent à imaginer un lieu ressource : un endroit intérieur où l’on se sent stable et relié. Cet exercice devient une ancre que la personne peut mobiliser au quotidien. Dans une époque d’instabilité, cet ancrage agit comme une boussole intérieure.
De l’inquiétude à l’engagement : transformer la peur en mouvement
L’éco-anxiété, lorsqu’elle est comprise et canalisée, peut devenir une force de transformation. L’hypnose ne cherche pas à endormir la lucidité, mais à lui redonner de la clarté. Elle aide à passer d’une peur stérile à une énergie d’action équilibrée.
Certaines personnes, après quelques séances, choisissent de s’investir dans des projets écologiques, d’autres d’adapter leur rythme de vie, ou simplement de renouer avec la beauté du vivant sans se sentir coupables. Le point commun : un sentiment de paix active.
Ce phénomène rejoint le concept de résilience écologique défini par la psychologie environnementale : la capacité à rester engagé tout en préservant son bien-être. L’hypnose renforce cette résilience en rétablissant la cohérence entre pensée, émotion et action
Conclusion
L’anxiété écologique est le reflet d’une époque consciente, sensible et lucide. Elle nous rappelle combien le monde extérieur influence notre monde intérieur. Mais il existe des outils pour traverser cette inquiétude sans s’y perdre.
L’hypnose permet de se reconnecter à ses ressources, d’apaiser le mental et de retrouver ce pouvoir intérieur que la peur avait endormi. Dans mon cabinet à Lyon, j’observe chaque jour combien cet accompagnement aide à retrouver confiance, clarté et énergie.
Face à un monde incertain, la paix intérieure devient un acte de résistance. Et parfois, le premier pas vers un monde plus apaisé commence simplement par reprendre le calme en soi.